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Interview de Céline Issen, experte en santé environnementale.
Céline Issen, consultante et formatrice en santé environnementale nous explique la santé environnementale.
On se rend compte que le terme de santé environnementale n’est pas connu de beaucoup de personnes, on ne sait pas toujours quoi mettre dans cette notion.
La santé environnementale, ce n’est pas de soigner la planète, mais la santé humaine.
La santé environnementale c’est les conséquences de l’environnement sur la santé humaine.
On ne peut pas être en bonne santé sur une planète malade.
Bonjour Céline, pouvez-vous vous présentez, vos formations, votre parcours jusqu’à aujourd’hui ?
Bonjour, je m’appelle Céline Issen, initialement j’ai une formation de médecine générale. Pendant mes études, j’ai passé un diplôme de santé de l’enfant et d’urgence pédiatrique. J’étais déjà assez tourné sur l’enfant tout en étant pas pédiatre.
A la fin de mes études, j’ai commencé à faire des remplacements plutôt à la campagne, dans des déserts médicaux. Parallèlement, j’avais déjà un poste de recherche clinique à Strasbourg. Je remplaçais à mi-temps et je faisais de la recherche clinique dans un service d’oncologie pédiatrique.
Il fallait que je choisisse entre l’une des deux branches. J’ai choisi d’arrêter la médecine et de continuer la recherche.
Psychologiquement, ça devenait compliqué pour moi de travailler avec des enfants qui avaient un cancer.
La recherche clinique et le développement des protocoles m’intéressaient beaucoup, alors pour pouvoir continuer sur cette voie je suis entrée dans l’industrie pharmaceutique, où j’y suis restée pendant 15 ans. J’ai développé ma fibre écologique et j’ai découvert la santé environnementale.
J’ai beaucoup travaillé la cancérologie et les maladies cardio-vasculaires. Le point commun de ses maladies : les causes environnementales.
Plutôt que de travailler avec l’industrie pharmaceutique, à développer des protocoles pour traiter des gens malades, il était plus intéressant d’aller directement à la source.
Est-ce qu’il y aurait un moyen de faire en sorte que les gens ne tombent moins malades ?
Je me suis intéressée à la santé environnementale, à une époque où ce n’était pas très connu, avec aucune formation autour de ça.
La santé environnementale n’est pas enseignée à la face de médecine, à aucun professionnel de santé. Au moment où j’ai décidé d’arrêter l’industrie de la pharmaceutique, il y a un DIU (diplôme interuniversaire) à Bordeaux qui ouvrait ses portes.
Par la suite, j’ai ouvert mon cabinet de conseil. L’objectif est de sensibiliser les particuliers à la santé environnementale. Aujourd’hui je collabore avec un centre de formation pour former les professionnels de la petite enfance et de santé. Maintenant, j’essaye de travailler avec les collectivités territoriales.
Mon cabinet s’appelle « Mon éco-logis ». Il était pour moi, intéressant de travailler sur ce que les personnes pouvaient modifier le plus facilement chez eux. Je suis partie sur ce qu’on a dans la maison : cuisine, produit ménager, cosmétique, salle de bain. Ce sont des choses que l’on peut changer dès que l’on a l’information.
Au cœur de la santé environnementale : le plastique. Pourquoi est-ce une fausse bonne idée de les utiliser ?
Il existe de nombreux plastiques en fonction de ce que l’on veut : un plastique qui résiste à la chaleur, souple, dur, transparent, opaque …
Et pour avoir ces plastiques différents, on utilise des additifs. Dans ces additifs, un certain nombre sont des perturbateurs endocriniens.
C’est là que le problème se pose, si on prend des boites en plastique, il y a des substances que l’on appelle des bisphénols. Auparavant, on parlait surtout du bisphénol A, maintenant il est interdit. Le plastique n’est pas une substance stable, ces additifs qui sont contenus dans le plastique vont pouvoir s’échapper et contaminer les aliments.
Si on prend l’exemple du biberon en plastique, il est peu chauffé car l’enfant ne le boit pas très chaud. Même très peu chauffé, au micro-onde ou au bain-marie, le bisphénol va s’échapper du biberon pour s’intégrer au lait. Le bisphénol A est donc interdit dans les contenants alimentaires pour les bébés car il est vraiment reconnu comme perturbateur endocrinien.
Quand on interdit une substance, par quoi on la remplace ?
Le bisphénol A a été remplacé par du bisphénol S ou F, non pas parce qu’ils étaient moins dangereux mais parce que leur impact était moins connu.
Avec des années de recul sur ce changement de molécule, on se rend compte qu’ils sont aussi dangereux que le bisphénol A.
Vaut mieux donc éviter toutes les substances en plastique et utiliser par exemple du verre.
Pour revenir au biberon en plastique, je me rends compte que je ne savais pas et que j’ai nourri mon fils au bisphénol. C’est pourquoi, je souhaite apporter toutes ces informations à d’autres mamans.
Les perturbateurs endocriniens n’ont pas la même toxicité en fonction du stade de vie. Il y a des personnes plus sensibles aux perturbateurs endocriniens, telles que les femmes en âge de procréer, enceintes, les nourrissons et les adolescents.
Il faut faire attention à plusieurs choses, par exemple les shampoings utilisés, les crèmes hydratantes…
Les trois voies de contaminations dans l’organisme sont ce qu’on mange, ce qu’on respire et ce que l’on met sur sa peau.
Ce que l’on mange, ce n’est pas que les aliments, c’est comment je les ai réchauffés, dans quel contenant je les ai achetés, dans quel type de poêle je les ai cuisinés …
Tous les plastiques en pvc ont un autre additif : les phtalates.
C’est une substance qui permet au plastique d’être plus solide mais qui a la capacité de se transformer en gaz assez facilement face à des conditions de pression.
Prenant l’exemple des jouets en plastique : un rayon de soleil suffit à transformer les phtalates en gaz. Cet air est ensuite respiré par l’enfant. Ce même gaz qui se déplace peut ensuite, à pression plus faible, se retransformer en petites particules solides qui retombent au sol. Cette poussière est ensuite ingérée par l’enfant, qui a 4 pattes met les mains à la bouche.
Ce que l’on sait, c’est que quand on est exposé à plusieurs perturbateurs endocriniens, l’effet n’est pas additif mais multiplicatif.
On a démontré qu’il y avait un effet cocktail des perturbateurs endocriniens mais on peut être exposé à plus de 40 perturbateurs endocriniens par jour.
L’objectif n’est pas d’affoler les personnes mais par contre plus on évite mieux c’est.
Pour ce qui est des cosmétiques, que conseillez-nous ?
Il faut faire attention à tout ce qu’on se met sur la peau, les gels douche, les shampoings, le dentifrice.
Pour remplacer tous les cosmétiques, ce qui est important c’est de nourrir et hydrater la peau. Nourrir la peau avec une huile végétale qui se choisit en fonction de la nature de votre peau (grasse, sèche…)
L’hydratation peut se faire avec le gel d’aloe Vera, du gel de lin ou du lait d’avoine avec des flocons d’avoine que l’on met dans un bain.
C’est parce qu’on nourrit et hydrate la peau qu’elle va mieux s’étendre sans faire de vergetures. C’est le principe de certaines huiles sur le marché anti-vergeture, sauf que tous les produits industriels comme les conservateurs, les parfums sont des perturbateurs.
Dans plusieurs cosmétiques industriels, il y a des huiles minérales, toutes des dérivés du pétrole et qui ne sont pas bénéfiques à notre peau. L’intérêt de ces huiles c’est qu’elles ne sont pas chères.
Il commence à avoir des substances interdites pour les cosmétiques pour les bébés, mais il n’y en a pas beaucoup par rapport à tout ce qui devrait être interdit.
Y at-il un vrai suivi au niveau des professionnels de la santé pour prévenir les futures mamans de tous ces risques ?
De façon générale, il y a un plan national santé environnement. Maintenant, chaque région à son plan régional et la région Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine à l’époque) a été pionnière pour mettre en place son plan régional santé environnement. Rapidement, cette région a formé des sages-femmes à la santé environnementale.
En fonction de la maternité où l’on est suivi et de la sage-femme libérale qui vous suit, il y a de fortes chances pour que l’équipe soit composée d’au moins une sage-femme formée à la santé environnementale.
Angoulême, est une maternité pionnière qui a développé la chambre pédagogique pour expliquer aux parents quels sont les éléments dans une maison dans lesquels il y aurait des perturbateurs endocriniens et comment les éviter.
Il faut savoir que les ateliers de sensibilisation pour les femmes enceintes sont totalement gratuits. Ils sont pris en charge par l’agence régional de santé.
La principale difficulté, c’est lorsque l’on est exposé on ne le sait pas car on ne ressent aucun symptômes. Le problème des perturbateurs endocriniens c’est qu’ils peuvent agir plusieurs années après voire même sur nos enfants.
Notamment les problèmes de fertilité.
On se rend compte, qu’en 40 ans, le nombre de spermatozoïdes a été divisé par 2.
Si on continue sur cette lancée, il y aura des grands problèmes de fertilité naturelle.
On perd plus de 1% sur la production des spermatozoïdes chaque année.
Aujourd’hui, on estime qu’1 couple sur 5 a des difficultés pour avoir un enfant.
Le but c’est d’arriver à éviter un maximum de perturbateurs endocriniens dans l’alimentation, dans les cosmétiques ou dans l’air.
Cet article répond-il à vos questions ?